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Les Géants des Guildes

Beaucoup a déjà été écrit concernant l’origine des géants et les influences qui leur ont conféré un statut à part entière dans notre folklore.
Les sources historiques nous apprennent avec une assez grande certitude que les corporations des tireurs se manifestaient bien plus tôt dans les cortèges que les géants . Ceci s’explique par le fait qu'au Moyen Âge les processions avaient uniquement un caractère religieux. Ce n’est que plus tard qu’elles formeront un conglomérat d’éléments religieux et profanes pour ensuite se scinder d’une part en processions religieuses et d’autre part en cortèges historiques et folkloriques.
Déjà dans le dernier quart du XIVe siècle, il était courant de voir les serments des tireurs participer à trois processions à savoir: le jour du Saint-Sacrement (9 juin), à l’ Assomption (15 août) et le jour de la Consécration de l’Église Notre-Dame (fête de la décollation de Saint Jean-Baptiste le 29 août).
D’après les comptes de la ville, la guilde de Saint-Georges y était déjà représentée. Elle avait le privilège de pouvoir porter la statue de Notre-Dame de la Consolation. A partir de 1458, cette guilde ajoute aux processions un groupe notamment Saint-Georges et le dragon.
La guilde de Saint-Sébastien apparaît pour la première fois dans ces processions en l’an 1415. A partir de la fin du XIVe siècle, on voit régulièrement apparaître les serments des tireurs dans des processions des paroisses avoisinantes de Saint-Gilles (intra-muros) et Lebbeke. Cette habitude était d’ailleurs réciproque. Seulement à partir du XVe siècle, pendant le règne de Philippe le Bon, les géants vont définitivement faire leur apparition dans les cortèges et fêtes populaires. Parfois, leur existence remonte à bien plus loin. D’après G. Piot, les géants à Termonde sont déjà connus depuis la fin du XIIIe siècle.
Déjà dans le cortège de 1405, il y aurait eu des géants, chaque géant était précédé d’un veilleur et d’un bouffon. Malheureusement, l’incendie d’une grande partie des archives termondoises en 1914 ne permet plus de vérifier ces affirmations. En 1464, le magistrat de la ville ordonna la fabrication d’un géant comme élément indispensable d’un cortège.
La tête de ce géant a été renouvelée en 1521 par Jan Verloo et dorée par un peintre nommé Balten ou Baudouin. En effet, les comptes de la ville de 1522 mentionnent un certain montant alloué à Roger De Wilde, jouant devant le géant qui, du reste, est nommé Balduin dans le cortège de 1480. En 1547, ce géant est rejoint par un jeune petit géant. Dans le cortège de 1559, on parle de 'l’idole Mars et ses quatre laquais'. Ceci pourrait probablement être une première version de notre célèbre géant Mars.

On peut admirer au musée municipal une tête et deux bras d’un géant. La ressemblance avec ceux de l’actuel Mars est tellement frappante, qu’on pourrait croire qu’il s’agit des restes matériels de l’idole Mars de l’époque.

A la fin du XVIe siècle, après les troubles espagnols, les géants et Mars refont leur apparition dans le cortège. On ignore de quels géants il s’agit. C’est probablement au XVIIe siècle que l’arbalétrier Goliath et Indien viennent compléter la gamme. Il est très difficile de détecter depuis quand exactement le lien existe entre les géants et les corporations des tireurs. Probablement que les trois grands hommes ont été réalisés par les guildes elles-même.
En tout état de cause, à partir du début du XVIIIe siècle, on s’est familiarisé avec l’image typique du cortège dans lequel la guilde de Saint-Georges est précédé d’un archer (Goliath), la guilde de Saint-Sébastien d’un Indien et la guilde de Saint-André de Mars.

La renommée des géants de Termonde, la fierté des corporations termondoises des tireurs, est due non seulement au fait qu’ils sont merveilleusement bien construits et artistiquement décorés mais également au fait qu’aux fêtes des guildes et dans les cortèges, ils dansent véritablement grâce aux porteurs (ce qui n’est pas le cas pour tous les géants). D’habitude, leurs danses s’accompagnaient de chansons des guildes respectives.